Ilumina oculos menos, nequando obdormiam in morte : nequando dicat inimicus meus : Praevalui adversus enum.







mercredi 13 octobre 2010

Labeuche Premier Ministre !


Si certains d'entre nous avaient des doutes concernant le sérieux avec lequel Renaud Camus considére son Parti de l'In-nocence, il n'est désormais plus possible d'en avoir.
C'est que le Maîîître (c'est comme ça qu'on l'appelle, dans certains salons webmatiques) a décidé de se déclarer candidat aux Présidentielles de 2012 ! Rien de moins ! C'est en tout cas ce qu'annonce la Presse et ce que n'infirme pas un de ses fidèles lieutenants, le colonel Bourjon, qui se dit déjà prêt à dégainer les parapluies - c'est dire la motivation des troupes.

On pourrait s'en réjouir.
Après tout, nous sommes en assez grande partie d'accord avec les principes énoncés par cet espace de discussion (puisque jusqu'ici ça n'a jamais été autre chose qu'un site internet, ce PI). Certains communiqués nous faisaient dresser les cheveux sur la tête, certes, d'autres nous exaspéraient, parfois, par cette prose lourdingue que n'évitent hélas pas toujours les ratiocinations maniéristes partisanes. D'autres nous faisaient pouffer de rire (le désaccord avec Le Pen concernant... les limitations de vitesse... (et tant d'autres...)). Certaines de ses obsessions ont fini par nous en détourner.
Mais enfin, quoique lassés, nous approuvions ce désir et cette intelligence de ne pas confondre écologie avec gauchisme ni vigilance concernant l'immigration avec fascisme, de même que nous étions ravis de lire quelqu'un vilipender l'Education nationale sans pour autant remettre en cause les principes républicains de laïcité.
Et puis, Renaud Camus, tout de même, nous avons une certaine estime pour lui, malgré tout ce qui peut nous agacer chez lui.
N'oublions pas non plus qu'il y a quelques temps nous regrettions que ce "parti" ne présente aucun candidat aux élections.
Mais justement.

Justement, tout cela ne suffit pas à faire du PI un parti, un vrai parti. Un machin politique, quoi. Avec des hommes politiques dedans, pas seulement des blogueurs, aussi grand puisse être leur talent. Des réunions publiques, des tracts, des meetings, des conférences, pas seulement des soliloques devant une caméra. Se frotter au peuple, pas simplement aux bits. Faire des alliances avec des hommes politiques, au moins apporter son soutien à tel ou tel parti, pas se contenter d'être un opposant systématique, même si on est loin d'être d'accord sur tout. C'est ça, la politique, comme l'andouillette, ça doit sentir la merde mais pas trop. Et Renaud Camus n'est pas un homme politique.
Lancer un bonhomme dans la course à l'Elysée alors que rien n'a jamais été fait, par lui, politiquement, qu'un site internet... (et des livres, oui, nés sur la Toile)
D'accord, il n'ambitionne sans doute pas réellement de devenir Président de la République mais se servira de cet évènement pour avancer ses idées politiques, d'accord, pour mettre au clair sa pensée politique au vu et au su du plus grand nombre.
Mais seul, comme ça... Après Coluche et d'autres guignols... Ne risque-t-il pas, hélas, de passer aux yeux des Français pour un branquignol de cette espèce (sans la popularité d'un Coluche qui plus est) ?

Et surtout, quel avenir pour le plus grand écrivain français de ces trente dernières années ?
Renaud Camus ne se fourvoie-t-il pas ?
Certes, il pourra dire (et ça semble lui tenir à coeur) qu'il aura essayé.
Certes, c'est tout à son honneur.
Mais n'y a-t-il pas (si tant est qu'il se présente effectivement aux Présidentielles) derrière cette tentative une volonté délibérée d'aller au casse-pipe ?

Certes, cette expérience enrichira son Journal.
C'est à se demander si tel n'est pas le but, d'ailleurs, de ce passionné de la graphobie...

Que l'on me permette, toutefois, de regretter le partisianisme croissant de Renaud Camus : j'aime les écrivains qui savent aussi penser contre eux-mêmes. Ce en quoi Camus était, effectivement, un maître.


Ajout du 14 octobre : Camus a confirmé hier sur Europe 1 qu'il comptait se présenter à la Présidentielle de 2012.

Ajout du 15 octobre : Lire cet autre point de vue

6 commentaires:

Emmanuel F. a dit…

Tout ce que vous dites là est très juste, Pascal ; je regrette aussi cette tendance au "partisianisme" : pour moi, il n'y a aucun doute sur le fait que RC se fourvoie. Et quand on voit les premières réactions que suscite sur le Net cette candidature, il y a vraiment de quoi être très inquiet pour la suite des événements...

Appas a dit…

Ha, ha !

Sophie K. a dit…

Moi je trouve qu'il manque d'ambition. Maître du Monde, c'est encore mieux que Prez de France. Et Beuche Premier Ministre du Monde, ça en jette...
:0)

(Sérieux : bel article.)

Corto a dit…

Comme cette analyse est belle et bonne, cher Pascal ! Après Coluche, Renaud Camus ? la différence, c'est que Coluche n'était pas un théoricien, mais avait un vrai talent d'orateur pour dire des choses simples alors que Renaud a la parole pataude et des théories trop fines pour être entendues. Il n'aurait pu être qu'un grand écrivain et diariste caractériel. Il risque de laisser l'image d'un pitre pathétique. Et dire que sur le site de ses lecteurs, l'on rève d'un comité de soutien !

Didier Goux a dit…

Tiens, j'ai retrouvé Labeuche...

Pascal Labeuche a dit…

« texte que son introduction polémique et vulgaire suffit à disqualifier »
« Bas, petit, bête en un mot »

Eh oui, chers Emmanuel et Corto, eh oui !